Analyse du marché des fusions et acquisitions : 9 tendances clés à retenir
Que s’est-il passé en 2024 sur le marché belge des fusions et acquisitions ? La baisse du volume des transactions s’est-elle poursuivie ou un rebond s’est-il amorcé ? Et à quoi faut-il s’attendre pour 2025, une année marquée par de nombreux défis ?
Dans son douzième M&A Monitor, le Vlerick Centre for Mergers dresse un état des lieux clair du marché belge des fusions et acquisitions à travers neuf grandes tendances, issues d’une enquête menée auprès de 156 professionnels. En sa qualité de partenaire, la Banque Van Breda a contribué à cette étude aux côtés de Moore, Van Olmen & Wynant et Wallonie Entreprendre.
Tendance n° 1 : une relative stabilité retrouvée
Après deux années de recul, le marché belge a retrouvé une certaine stabilité en 2024. 36 % des répondants ont signalé une hausse de l’activité, contre 37 % observant une baisse. Cette stabilité reflète les tendances internationales. Les tensions géopolitiques, les incertitudes économiques et les guerres commerciales freinent cependant un redémarrage plus marqué.
Tendance n° 2 : résilience des petites transactions
Les opérations inférieures à 20 millions d’euros se sont montrées plus résistantes. À l’inverse, les transactions de taille moyenne (20 à 50 millions €) et les grandes (> 50 millions €) ont reculé. Ce dynamisme des plus petites opérations s’explique souvent par des facteurs démographiques, des enjeux de succession ou des synergies spécifiques, indépendamment de la seule logique financière.
Tendance n° 3 : ralentissement des acheteurs financiers
Les acheteurs stratégiques ont été plus actifs que les acteurs financiers (private equity). 38 % des sondés constatent une baisse des acquisitions de la part de ces derniers. Les cessions de portefeuilles ralentissent également, les investisseurs attendant des conditions de marché plus favorables pour optimiser leurs rendements.
Tendance n° 4 : multiples en baisse sur les petites transactions
Le multiple moyen (valeur d’entreprise/EBITDA) en 2024 s’élève à 6,5 — légèrement supérieur à 2023, mais en dessous des pics de 2021-2022 (6,7).
On observe toutefois des évolutions marquées selon les segments. Les plus petites opérations (< 5 millions €) enregistrent un recul de 5,2 à 5. Les segments intermédiaires (5–20 millions €) et supérieurs (> 20 millions €) progressent, atteignant respectivement 6,4 et 8,4.
Les secteurs les mieux valorisés : technologie (9,1), pharmacie (8,5), santé (8). En bas de classement : retail (5.6), transport (5.5), construction (4.8).
Tendance n° 5 : disparités régionales marquées
Pour la première fois, l’étude distingue les régions. Les entreprises flamandes affichent un multiple moyen de 6,9 contre 6 pour les wallonnes. Les entreprises bruxelloises se situent entre les deux (6,5). L’écart se creuse surtout dans les petits (< 5 millions €) et moyens segments (5–20 millions €).
Tendance n° 6 : recul des earnouts, montée des vendor loans
Le recours aux vendor loans continue de progresser : 43 % des transactions en 2024 contre 39 % en 2023, avec une forte hausse dans le segment 1–5 millions € (de 45 % à 54 %).
À l’inverse, les earnouts sont en baisse : de 34 à 31 %, et même en forte chute pour les transactions > 50 millions €.
Tendance n° 7 : l’ESG s’installe durablement
Les audits ESG deviennent plus fréquents, notamment chez les acheteurs stratégiques qui rattrapent leur retard. L’ESG s’impose progressivement comme un standard du marché M&A.
Tendance n° 8 : une activité en hausse attendue pour 2025
Malgré un contexte incertain, 63 % des répondants anticipent une augmentation de l’activité en 2025, en particulier dans les grandes transactions. Les acteurs financiers prévoient de mobiliser leurs liquidités disponibles et de relancer les cessions de portefeuilles, ce qui pourrait fortement stimuler le marché.
Tendance n° 9 : confiance entrepreneuriale et financement bancaire, moteurs clés
La confiance dans l’entrepreneuriat et l’accès au crédit bancaire ressortent comme des leviers majeurs de l’activité. Suivent les cycles économiques, les tensions géopolitiques, les taux d’intérêt et les ressources propres. La question de l’âge des dirigeants est aussi citée comme un facteur influent, en particulier dans les PME familiales belges. Enfin, l’impact potentiel d’une réforme de la fiscalité des plus-values pourrait également peser sur les décisions futures.
En bref
Le marché belge des fusions et acquisitions a connu des évolutions contrastées ces dernières années. S’il se remet progressivement de la crise post-COVID, les opérations se concentrent de plus en plus sur des stratégies ciblées et des critères ESG. Les tendances observées suggèrent un regain de confiance et une capacité de rebond, malgré les turbulences économiques et politiques mondiales.