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Rester connecté aux générations qui arrivent

Docteur Christophe Dauge (47) est médecin généraliste depuis plus de vingt ans. Passionné par son métier, il accueille régulièrement des assistants en formation. Son expérience auprès de confrères issus de différentes générations lui a appris une chose essentielle : la médecine change, les styles évoluent, mais ce qui unit les médecins reste plus fort que ce qui les sépare. 

Se figer dans ses habitudes, c’est prendre le risque de se couper des jeunes. Pour moi, rester ouvert aux nouvelles pratiques, c’est garder vivante la vocation.

Dr Christophe Dauge

Une pratique vivante et partagée

Dr Christophe Dauge : « Nous sommes quatre médecins à travailler ensemble, chacun dans son propre cabinet, mais avec un dossier médical partagé et une organisation commune pour les congés. Cette souplesse permet d’accueillir régulièrement des assistants et de rester ouverts aux nouvelles pratiques.

À l’avenir, je pense que nous regrouperons nos activités sur moins de sites afin de créer encore plus de cohésion d’équipe. La pause de midi, par exemple, pourrait redevenir un vrai moment de discussion, plutôt qu’un simple temps de respiration solitaire.

Pour moi, c’est essentiel : se figer dans ses habitudes, c’est prendre le risque de se couper des jeunes. Et si le fossé se creuse, il devient difficile pour eux d’avoir envie de le franchir.

Dr Christoph Dauge

Je suis maître de stage depuis quasiment quinze ans et j’ai accueilli une dizaine d’assistants dans notre pratique. Pour moi, la collaboration intergénérationnelle est un atout. Je ne cherche pas à “cloner” les jeunes médecins, mais à partager mes expériences — positives comme négatives — pour leur donner des ressources et leur permettre de tracer leur propre voie. Ce compagnonnage est une richesse : il nourrit leur vocation, leur offre un réseau, tout en me permettant, moi aussi, d’apprendre de leur regard neuf. »

Attirer les jeunes, les garder

« Si nous voulons que les jeunes s’installent dans notre région, il faut leur donner envie. Pas en les “recrutant” pour remplir des locaux, mais en leur montrant que notre pratique est ouverte, moderne, en phase avec leur formation. C’est une question de densité médicale, mais aussi de qualité de vie.

Aujourd’hui, les jeunes médecins ne s’installent plus seuls. Ils cherchent à partager la charge, à s’associer, à s’entourer. Et je les comprends, la médecine générale doit rester attractive. Les modèles collectifs — plateformes médicales, secrétariat centralisé, vie d’équipe — séduisent les nouvelles générations et facilitent le quotidien de tous.

Le temps administratif est aussi un facteur clé. J’ai vu, au fil des années, les tâches s’accumuler : facturation, vérifications des organismes assureurs, devoirs statistiques pour l’INAMI, formulaires en tout genre… On se dit à chaque fois que ce ne sera que quelques minutes de plus, mais cela finit par peser en heures. Face à cette charge qui s’impose d’un seul coup aux jeunes médecins, beaucoup expriment immédiatement le besoin de secrétaires ou d’aides administratives. Et c’est une bonne chose. Ils évitent de s’enliser dans la paperasse. Cela leur permet de se concentrer sur le soin, sur l’essentiel. »

Dr Christoph Dauge
Dr Christoph Dauge

Préserver la vocation

« Pour alléger la charge qui pèse sur nous, médecins, et en particulier sur les plus jeunes, je plaide pour préserver la liberté propre à l’exercice libéral. L’association entre confrères me semble être une piste efficace : chacun peut développer une compétence spécifique qui l’inspire vraiment — petite chirurgie, échographie, dépistage dermatologique… — et ainsi varier ses activités au quotidien. Cette diversification redonne du sens à notre métier, surtout à une époque où certaines tâches (vaccinations, prolongations d’ordonnances) sont de plus en plus déléguées aux pharmaciens ou aux infirmiers. Il vaut mieux s’adapter à ces évolutions et investir son énergie dans des missions qui motivent et valorisent les compétences de chacun.

Concernant le burn-out, je constate que ce sujet reste tabou dans notre profession, notamment chez les indépendants, où il est rarement déclaré. Pourtant, les signes — irritabilité, agressivité, changement brutal de comportement professionnel — sont bien présents. L’absence de hiérarchie formelle peut compliquer la reconnaissance du problème, mais elle offre aussi un atout : la possibilité de se confier librement à ses pairs. Le travail en équipe permet de partager les cas difficiles, de relâcher la pression et de bénéficier de la compréhension de collègues confrontés aux mêmes réalités. Ce n’est pas une solution miracle, mais je suis convaincu que cette solidarité professionnelle est l’un des meilleurs moyens de prévention. »

Dr Christoph Dauge

Trouver l’équilibre

« Limiter le nombre de patients, ce qu’on appelle le stop patientèle, est parfois une nécessité pour préserver la qualité des soins… et sa vie privée. Refuser une consultation n’est jamais simple, surtout dans une petite ville où l’on croise ses patients tous les jours. Croiser au détour d’une course ou d’un jogging, une personne que j’ai dû refuser le matin même n’est pas évident. Mais il faut trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, sans perdre l’essence de la médecine de famille. Mais il faut trouver un équilibre, sous peine de s’épuiser.

De mon côté, j’ai choisi de réserver ma patientèle aux familles déjà suivies, tout en développant des compétences en traumatologie du sport ou en physiologie de l’effort. Ces activités me nourrissent et brisent la monotonie, une vraie prévention contre le burn-out. »

Une profession en mutation

« La féminisation de la profession a changé certaines dynamiques, mais de manière positive. Les consœurs assument pleinement leur rôle. Sur le terrain, j’ai d’ailleurs souvent constaté que le pragmatisme et l’efficacité de nombreuses collègues apportent une vraie force à notre pratique.

L’intelligence artificielle fait aussi son entrée dans la médecine. Certains patients me montrent déjà les conseils obtenus via ChatGPT. On pourrait vite se demander : “À quoi est-ce que je sers encore ?”. L’IA peut être un outil, mais jamais un substitut. Ce qu’il ne remplacera jamais, c’est la relation humaine. C’est ce contact avec le patient qui nous rappelle pourquoi nous faisons ce métier, et qui nous donne la motivation de continuer. »

 

Garder le cap, garder la flamme

« La médecine générale est en pleine évolution, mais ce qui nous unit demeure : l’envie de soigner et la passion du métier. Mon conseil aux jeunes ? Ne perdez jamais de vue ce qui vous nourrit et vous fait plaisir dans ce travail. Gardez une part d’enchantement, malgré les difficultés. C’est ce qui permet de durer et de rester connecté aux générations qui arrivent. »

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