
La courbe des taux a connu cet été une transformation remarquable. Tandis que les taux à court terme demeuraient stables à la suite de la huitième baisse consécutive décidée par la Banque centrale européenne, l’instabilité politique en France et les difficultés budgétaires en Belgique ont provoqué une hausse significative des taux à long terme. Découvrez comment ces évolutions influencent les marchés financiers et ce qu’elles impliquent pour vous, en tant qu’investisseur.
Stabilité des taux à court terme
Les marchés ont repris leur activité après la trêve estivale. Malgré un contexte géopolitique particulièrement agité, la partie courte de la courbe des taux est restée relativement calme. Dès le début du mois de juin, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé son taux directeur à 2,15 % et le taux de dépôt à 2,00 %, soit une réduction de 25 points de base pour chacun. Il s’agissait alors de la huitième diminution des taux en l’espace d’un an.
Alors que de nombreux analystes demeuraient incertains, durant l’été, quant à la possibilité d’une nouvelle baisse, le mois de septembre a apporté davantage de clarté. Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a été explicite : la baisse des prix de l’énergie semble transitoire, une guerre mondiale des tarifs demeure un risque majeur pour l’Europe, et la BCE ne s’inquiète guère du renforcement marqué de l’euro face au dollar, bien que cela puisse peser sur la croissance. Ces éléments ont suffi à convaincre les marchés d’écarter toute nouvelle baisse des taux. À ce jour, la majorité des analystes tablent même sur un statu quo de la BCE – et donc des taux à court terme – pour les douze prochains mois.
Hausse des taux à long terme
La partie longue de la courbe des taux a, quant à elle, été le théâtre de mouvements bien plus notables. Les turbulences politiques en France n’ont pas manqué d’impacter les taux souverains à long terme. Le plan d’austérité de 44 milliards d’euros proposé par le Premier ministre Bayrou, visant à ramener le déficit public à « seulement » 4,6 % du PIB, s’est avéré politiquement intenable. Une motion de censure a été déposée, à laquelle Bayrou n’a pas survécu. Les marchés obligataires ont réagi avec une extrême nervosité, propulsant les taux français à long terme à la hausse en août.
Le président français a donc nommé un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, qui hérite d’une mission complexe sous forte contrainte temporelle. L’agence de notation Fitch n’a pas tardé à réagir, abaissant la note de la France de AA- à A+ à la mi-septembre. Les autres grandes agences (Moody’s et S&P) rendront leur verdict le mois prochain. Désormais, le taux français à long terme dépasse même celui de la Grèce : « How the tables have turned ».
L’adage se vérifie : « Quand il pleut à Paris, il bruine à Bruxelles ». La Belgique doit également s’atteler à la consolidation de ses finances publiques. Le déficit budgétaire dépasse actuellement 5 % du PIB et, sans inflexion, continuera de s’aggraver dans les années à venir. Les agences de notation réévaluent également la situation belge dans les prochaines semaines. La question des finances publiques est donc plus que jamais d’actualité. La partie longue de la courbe des taux est à nouveau confrontée à ce vieux mal, et les primes de risque européennes font leur retour.
Additionnez ces deux dynamiques, et l’on constate un renversement complet de la courbe des taux par rapport à l’an dernier. Mi-2024, la courbe était inversée : les taux à court terme (Euribor) étaient nettement supérieurs aux taux à long terme. Aujourd’hui, la situation s’est normalisée : les investisseurs à long terme sur des produits à revenu fixe bénéficient à nouveau d’une rémunération supérieure à ceux qui privilégient le court terme.
Comment l’investisseur peut-il tirer parti de ces informations ?Les placements à long terme offrent à nouveau un rendement supérieur à celui des placements à court terme. Il est donc judicieux de sécuriser une partie de ce rendement à long terme : ce type d’investissement retrouve pleinement sa place au sein d’un portefeuille diversifié. Les taux d’intérêt évoluent, à la hausse comme à la baisse, parfois de façon très rapide – l’actualité récente l’a démontré. Tout verrouiller à court terme revient à se contenter d’un rendement moindre ; tout placer à long terme, c’est figer ce taux pour une longue période. Diversification, diversification, diversification… des maturités : tel est le mot d’ordre ! Échelonner ses investissements sur différentes échéances procure une véritable sérénité, que les taux montent ou baissent, et permet de préserver un rendement conforme au marché. En combinant placements à court et à long terme, vous obtenez un équilibre optimal : une protection durable et une diversification efficace face à l’évolution des taux d’intérêt. |